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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/54

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et elle pressa beaucoup ma mère de consentir à cette adoption : ma destinée sans doute eût été beaucoup plus paisible si l’on y eût consenti !

Après un séjour de six semaines à Alix, nous partîmes ; je pleurai amèrement en quittant ces aimables chanoinesses, mon cœur dès lors s’attachoit avec une vivacité peu commune. À Lyon, nous nous séparâmes de ma tante et de ma cousine, qui retournèrent à Paris, et nous prîmes la route de la Bourgogne. Un sensible chagrin nous y attendoit : ma mère étoit accouchée l’année d’avant d’un garçon, que mon père avoit fait recevoir chevalier de Malte au berceau, ce qui étoit un grand avantage pour la suite en faisant des vœux et des caravanes ; c’est ainsi qu’alors on disposoit de la destinée de ses enfans, un peu légèrement il faut en convenir. Ce pauvre enfant venoit de mourir à l’âge de dix-huit mois ! J’avois eu une sœur morte pareillement au berceau. Je l’ai toujours regrettée ! quelle amie qu’une sœur ! Je suis sûre que j’aurois passionnément aimé la mienne…

J’étois dans ma septième année, j’avois une belle voix, j’annonçois beaucoup de goût pour la musique ; ma mère avoit pris des arrange-