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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/55

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mens à Paris pour faire venir de la Basse-Bretagne une jeune personne, fille de l’organiste de Vannes, excellente musicienne et jouant parfaitement du clavecin. Nous trouvâmes à Saint-Aubin un bon clavecin, un vieux Rucker arrivant de Moulins, et nous attendîmes avec la plus vive impatience mademoiselle de Mars, c’étoit le nom de la jeune musicienne. Elle vint en effet à mon extrême satisfaction ; sans être jolie, elle avoit de beaux yeux, une physionomie expressive, des manières remplies de douceur, un air sage et un peu grave, quoiqu’elle n’eût que seize ans. Je me passionnai pour elle dès les premiers jours, et ce sentiment a été aussi solide qu’il étoit vif. On la chargea de m’instruire, de me guider en tout ; on me livra entièrement à elle, et malgré sa grande jeunesse on ne pouvoit me remettre en de plus dignes mains.

Mademoiselle de Mars n’avoit nulle instruction profane, mais elle avoit de l’esprit naturel, un caractère doux et sérieux, une âme noble et sensible, et la piété la plus sincère.

Ma mère, distraite par ses occupations particulières et par les visites continuelles des voisins, ne s’étoit jamais occupée de moi, et l’on