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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/56

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ne m’avoit encore appris qu’un peu de catéchisme, que m’avoient enseigné les femmes de chambre avec lesquelles je passois ma vie, et qui avoient d’ailleurs orné mon esprit d’un nombre prodigieux d’histoires de revenans. Au reste, ces femmes de chambre étoient d’excellentes filles, qui-ne m’ont jamais donné un seul mauvais exemple. Je quittai entièrement leur société pour celle de mademoiselle de Mars, qui valoit infiniment mieux. Je ne voyois ma mère et mon père qu’un moment à leur réveil, et aux heures de repas. Après le dîner, je restois une heure dans le salon ; je passois le reste de la journée dans ma chambre avec mademoiselle de Mars, ou à la promenade toujours seule avec elle. Mon père avoit une grande meute de chiens de chasse, il chassoit beaucoup ; il nous donnoit de temps en temps le divertissement d’une pipée, c’est-à-dire de voir de petits oiseaux pris à la glu dans une feuillée. Nous allions aussi à la pêche sur la Loire. On m’admettoit quelquefois aux pèches de nuit ; on étoit dans des bateaux avec des torches de paille enflammées qui attiroient le poisson, ce spectacle me paroissoit admirable. Mon père avoit reçu de la nature des dons