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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/57

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rarement réunis : sa figure étoit d’une beauté remarquable, sa taille élevée et parfaite ; il avoit beaucoup d’esprit et d’instruction, ayant fait aux jésuites de Lyon d’excellentes études, ainsi que son frère aîné mort avant ma naissance : ce dernier étoit compté au nombre des bienfaiteurs de cette même maison des jésuites à laquelle il laissa par testament un très-beau cabinet de médailles. Mon père avoit quelques notions de la science numismatique, mais il avoit fait une étude particulière de la chimie et de la physique ; il avoit à Saint-Aubin un joli cabinet de physique, et je lui ai vu faire dans mon enfance une grande quantité d’expériences sur l’électricité et sur la machine pneumatique. Il joignoit à toutes ces connoissances un caractère d’une douceur angélique, une grâce infinie dans l’esprit, et l’âme la plus généreuse et la plus sensible ; il aimoit et savoit la musique, il donnoit du cor et jouoit passablement du violon. Il étoit entré au service dès sa première jeunesse, et il y montra la valeur la plus distinguée ; une affaire étrange lui fit quitter le service à trente-deux ans, trois ans avant son mariage. Il étoit capitaine dans le régiment de M. le duc d’Hostun, qui avoit pour lui une