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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/58

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amitié particulière ; il étoit en garnison avec son régiment dans une ville de province ; une intrigue d’amour qu’il avoit à Paris le décida à y revenir secrètement passer trois jours sans congé ; il feignit d’être malade, se mit au lit, laissa un domestique qui devoit seconder ce stratagème ; et, sous un autre nom, il partit seul à franc-étrier au milieu de la nuit, et il arriva à Paris. Le lendemain même, passant à minuit sous les guichets du Louvre, il fut attaqué par trois hommes ; mon père tira son épée, s’appuya contre le mur, tua un des assassins, en blessa un autre mortellement qui tomba, et mit le troisième en fuite. Pendant ce temps il survint du monde, la garde accourut, mon père fut arrêté et conduit chez un commissaire chez lequel on transporta aussi le meurtrier qui respiroit encore. Il fut bien constaté par les aveux de ce misérable que mon père n’avoit fait que défendre sa vie contre trois brigands ; mais ce qu’il y avoit de fâcheux, c’est qu’il falloit se nommer et faire connoître qu’on étoit à Paris sans congé. Mon père demanda à être conduit chez M. le duc d’Hostun son colonel, qui heureusement étoit à Paris ; mon père comptoit sur son amitié, il avoit raison.