Aller au contenu

Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/63

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’être ; quoique fort inappliquée, je n’étois jamais grondée, on ne m’a jamais parlé de pénitence. Je savois sur le clavecin sept ou huit pièces que je jouois passablement ; j’avois une belle voix et je chantois trois ou quatre cantates de Clérambout, c’en étoit assez pour enchanter mes parens et pour me faire admirer de nos voisins. Mademoiselle de Mars m’enseignoit fort peu de chose ; mais sa conversation formoit mon cœur et mon esprit, et elle me donnoit en tout l’exemple de la modestie, de la douceur et d’une parfaite bonté. Je l’aimois et je l’admirois tant, je craignois tellement de lui déplaire, qu’elle m’auroit donné de l’application si elle l’eut voulut ; mais elle n’y pensoit pas ; contente de mon caractère, elle l’étoit de tout, et elle n’avoit nulle envie de me contraindre. Dès ce temps j’avois le goût d’enseigner aux enfans, et je m’étois faite maîtresse d’école d’une singulière manière. J’avois une petite chambre à côté de celle de mademoiselle de Mars, la chambre de cette dernière avoit une petite porte qui donnoit dans le salon, ma chambre ne communiquoit qu’à celle de mademoiselle de Mars ; mais ma fenêtre, sur la belle façade du château, n’avoit pas