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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/65

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à mon école en passant par ma fenêtre ; j’y attachois une corde au moyen de laquelle je me laissois glisser sur la terrasse ; j’étois leste et légère et je ne suis jamais tombée. Après ma leçon je faisois le tour par une des cours, et je rentrois par le salon sans qu’on prit garde à moi. Je choisissois pour ces escapades les jours de poste où mademoiselle de Mars écrivoit à ses parens : elle étoit tellement absorbée dans ses dépêches, qu’elle ne faisoit pas la moindre attention à ce qui se passoit autour d’elle ; ainsi je tins paisiblement mon école pendant fort long-temps, d’autant plus que c’étoit toujours à des heures où ma mère n’étoit pas dans le salon. Enfin mademoiselle de Mars me surprit un jour au milieu de mon école, elle ne me fit aucune réprimande ; mais elle rit tant de la manière dont mes élèves déclamoient les vers de mademoiselle Barbier, qu’elle me dégoûta de ces doctes fonctions.

Le premier chagrin vif et profond que j’aie éprouvé, fut causé par le départ de mon père, qui fit un voyage à Paris, en assurant qu’il reviendroit dans six mois. J’aimois mon père, comme j’ai toujours su aimer, avec une vivacité, un dévouement dont bien peu de cœurs