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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/73

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ordinaire de société, pour les commérages ; les rapports, les tracasseries, etc. J’aimois le repos intérieur et la solitude, je haïssois toutes les petites agitations, et personne au monde n’a eu plus que moi dans tous les temps de sa vie, l’esprit de paix et de conciliation.

Mademoiselle de Mars avoit tant de douceur, elle attachoit si peu d’importance aux petites choses, que je sentois peu mes défauts avec elle ; je ne me connoissois alors que celui de la brusquerie et d’une extrême vivacité. J’étois facile à conduire, et naturellement complaisante ; je n’avois ni hauteur, ni caprices, ni rancune, mais je supportois mal le moindre retard dans ce qu’on m’avoit promis, et alors je me fâchois, et je disois quelquefois beaucoup d’impertinences. Mademoiselle de Mars, toujours calme, n’étoit pas cependant sans défauts elle avoit de l’humeur, et lorsqu’il m’étoit échappé avec elle une parole peu convenable, elle me boudoit long-temps. Mais ces querelles étoient bien rares entre nous, ma vivacité et ma brusquerie ne s’exerçoit communément que contre les femmes de chambre, ou contre un de nos voisins qui venoit souvent au château, et que j’avois pris en hor-