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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/88

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Hector, dans le Joueur de Regnard ; Darviane, dans Mélanide ; un Paysan, dans George Dandin ; un autre petit rôle dans Attendez-moi sous l’orme ; et Cénie, dans la pièce de ce

    sance intérieure, résolut de lui lire ce détail. Il y avoit dans la chambre sept ou huit personnes ; j’étois de ce nombre. On ouvre tous les rideaux, on entoure le lit ; je me mis à genoux sur un tabouret, au pied du lit, les yeux attachés sur le malade, qui ne parut faire aucune attention à ce mouvement ; mais quand ma tante, se plaçant à son chevet, eut prononcé le nom de son fils, en lui disant que cet enfant (qu’il chérissoit particulièrement) s’étoit couvert de gloire, une émotion très-marquée se peignit sur son visage ; il regarda fixement madame de Sercey, qui lut alors à haute voix, et en prononçant doucement, la lettre de M. de Chessac. Lorsqu’elle eut fini on vit deux larmes couler sur les joues du malade ; et au même instant, soulevant ce bras immobile et glacé depuis trois mois, il joint ses deux mains, les élève vers le ciel en s’écriant distinctement, Ô mon Dieu !… Tout le monde fondit en pleurs. On crut le malade guéri ; mais ce miracle de la sensibilité ne fut produit que pour donner à ce tendre père une dernière jouissance paternelle ; sa dernière lueur d’intelligence fut un mouvement passionné de joie et de gratitude pour l’Être Suprême ; il recouvra toute son existence durant quelques minutes ; il ne la reprit plus, et il mourut peu de mois après. »

    (Note de l’éditeur.)