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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/89

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nom. L’hiver entier s’écoula dans ces divertissemens. En parlant de mes études, je n’ai point fait mention de l’écriture, par une bonne raison, c’est qu’on ne m’en a jamais donné une seule leçon. Il est assez singulier qu’une personne qui a tant écrit, n’ait jamais appris à écrire ; mais c’est un fait. Au mois de janvier 1757, ayant onze ans, je voulus écrire à mon père pour le nouvel an ; et n’ayant jamais tenu une plume, j’écrivis à mon père une longue lettre, avec une grosse et vilaine écriture ; mais d’une bonne orthographe, car la lecture, comme je l’ai dit, avait gravé dans ma tête tous les mots comme on doit les écrire. Depuis ce jour-là je m’exerçai toute seule à écrire, me perfectionnant peu à peu. Je n’ai point une belle écriture ; mais je me suis fait une écriture très-lisible et assez jolie. Enfin, mon père revint au printemps, ce qui prolongea nos fêtes pendant deux mois encore. Il m’arriva à cette époque une chose que je ne puis passer sous silence : nous avions, mademoiselle de Mars et moi, chacune un petit cabinet à côté de notre chambre ; et notre logement, tout au haut de la maison, étoit sous un grand grenier. Un jour, après le dîner, j’allai