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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T2.djvu/127

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mit pas ; on se contenta de le renvoyer, avec ordre de sortir sur-le-champ de la province, et de ne pas songer à se placer autrement que soldat, parce que s’il se mettoit en service domestique, on le dénonceroit aussitôt. Mon beau-frère lui fit arracher son habit de livrée, qu’il fit brûler en sa présence, dans le petit bois appelé le Ménil, en lui disant que nul domestique ne voudroit le porter ; ensuite on le chassa ignominieusement. Nous en fûmes quittes pour boire du lait d’heure en heure pendant trois jours. Le médecin soutint toujours que c’étoit du poison, et non un vomitif. Au reste, celui qui avoit été capable de donner un si violent vomitif auroit tout aussi-bien donné du poison ; peut-être avoit-il pensé qu’un vomitif ne laisseroit pas des traces si convaincantes du crime. Cet étrange événement fit beaucoup de bruit à Paris, et n’y causa pas non plus la moindre impression fâcheuse contre mon beau-frère.

Milot mit un cadenas à l’eau de la salle à manger ; cette précaution m’attrista ; l’idée du poison me poursuivoit partout, et me rendit désagréable cette fin de voyage. Nous retournâmes à Paris dans les der-