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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T2.djvu/304

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Dorat[1], qui dès lors se mouroit de la poitrine. Il venoit quelquefois me voir, parce que je l’avois connu à Soissons, où je l’avois vu chez l’intendant, M. Lepelletier-de-Morfontaine, et où, dans des fêtes que l’intendant m’avoit données, il avoit fait pour moi de fort jolis vers, chose dont une femme conserve toujours quelque reconnoissance. Cependant ce n’est pas ce sentiment, mais c’est la justice qui me fait dire qu’on a jugé trop sévèrement son talent ; il avoit sans doute quelquefois de l’afféterie ; sa manière n’étoit pas celle d’une bonne école, mais il avoit souvent de la grâce, de la finesse, et toujours beaucoup d’esprit. Outre ses poésies et ses comédies, il a fait un roman en lettres, qui n’a eu aucune réputation, qui est tout-à-fait oublié, et qui néanmoins n’est assurément pas sans mérite. On en a beaucoup loué, de nos jours, qui sont très-inférieurs à cette production. Si Dorat[2]

  1. Dorat, poëte essentiellement galant, s’étoit fait le chantre de toutes les femmes qui, par leur naissance, par leurs charmes ou leurs talens, avoient quelque célébrité. Souvent, sans les connoître, il leur adressoit des éloges.
    (Note de l’éditeur.)
  2. Trop souvent dans ses poésies légères il a passé toutes