Page:Genlis - De l influence des femmes sur la litterature t2.djvu/250

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barbare, dénaturèrent tous les mouvemens de l’âme. Leurs plumes de fer trempées dans du sang ne tracèrent plus que de fausses, d’effrayantes peintures ; la démence usurpa le nom de la sensibilité ; la douce et vague mélancolie ne fut plus qu’une sombre fureur et qu’un désespoir impie.

Au milieu de ce bouleversement universel, madame Cotin, très-jeune encore, fut excusable de prendre (dans ce moment) la manière d’écrire à la mode : cependant loin de l’exégérer, elle en adoucit le ridicule ; mais ce fut elle qui composa le premier roman dans le genre passionné. Claire d’Albe eut beaucoup de succès, et servit de modèle à tous ceux dont on enrichit depuis la littérature républicaine. Ce roman est à tous égards un mauvais ouvrage, sans intérêt, sans imagination, sans vraisemblance et d’une immoralité révoltante ; mais comme il a eu le triste honneur de former une nouvelle école de