Page:Genlis - De l influence des femmes sur la litterature t2.djvu/272

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suis coupable, il est vrai, mais non pas malheureuse ; et à quelque honte que je sois réservée, je la supporterai même avec joie, puisqu’elle sera la preuve de mon amour. »

On pensoit autrefois que le véritable amour élevoit l’âme. Eh ! quel grand sentiment peut inspirer le goût de l’ignominie ? quel effet pourroient produire de telles pensées sur l’esprit d’une jeune personne qui auroit le malheur de les admirer ? Voici encore un passage plus répréhensible, parceque c’est un homme vertueux, et même austère, qui parle :

« J’avoue que j’avois cru long-temps qu’il n’y avoit point de passions qu’un grand courage ne pût vaincre ; mais depuis que je suis ici, mon opinion s’est ébranlée ; je sens qu’on ne dompte pas son cœur comme on le voudroit, et qu’il est tel sacrifice dont la vertu même ne consoleroit peut-être pas. »

Et c’est un homme sans passions