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AUTEUR.

voit ses talens pour son amusement, sans avoir jamais songé à les employer comme un moyen de briller ; dans la conversation, elle s’animoit si on l’intéressoit, mais sans avoir le dessein de montrer de l’esprit ; elle étoit aimable avec ceux qui lui plaisoient, elle étoit nulle avec les autres ; elle écrivoit comme elle causoit, et comme elle jouoit de la harpe, uniquement pour son plaisir. Elle faisoit tout par goût, elle ne faisoit rien avec projet ou prétention.

Natalie entroit à peine dans sa vingt-deuxième année, lorsqu’elle perdit son mari. Elle passa dans une terre les six premiers mois de son veuvage. Des affaires la rappelèrent à Paris. Lorsque son deuil fut fini, elle reparut dans le monde ; s’y remontrer jeune, veuve et jolie, c’étoit presque un début. Les hommes non mariés avoient avec elle une galanterie moins réservée, et des prétentions différentes ; elle-même avoit un autre ton, moins de timidité, plus de naturel encore, et des manières plus franches.

Natalie revit dans le monde, un