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LE JOURNALISTE.

— C’est me demander si je conserverai de la probité. — Eh ! mon cher Mirval, il y a une convention tacite qui autorise à ne pas dire un mot de vrai. Le mensonge a perdu toute son infamie : on ment, non pour en imposer au public qu’on ne trompe point, mais par fidélité pour ses engagemens, et par complaisance pour ses amis… — Je ne mentirai d’aucune manière ; je louerai sans exagération, je critiquerai sans amertume. — Vous n’obligerez personne ; vous perdrez vos amis et tous vos souscripteurs. — Nous verrons. — Ce projet seroit bon pour un homme de cinquante ans, sans ambition, qui ne seroit d’aucun parti ; mais vous avez vingt-huit ans… — Je n’en serai pas moins fidèle à ma résolution.

Mirval parloit de bonne-foi. Il avoit un caractère estimable ; il aimoit et cultivoit les lettres avec succès ; il étoit riche, et se croyoit indépendant, parce qu’il étoit content de sa fortune et d’une place lucrative qu’il venoit d’obtenir : il ne desiroit rien de plus (pour le mo-