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LE JOURNALISTE.

ment) ; car il eût été déraisonnable de demander davantage à son âge. Il voyoit dans l’avenir un avancement certain que lui assuroit l’emploi qu’on lui avoit accordé, et il l’attendoit. Il oublioit toutes les sollicitations qu’il avoit faites pour acquérir ce qu’il possédoit : ne pouvant attendre que du temps le changement qu’il espéroit, il ne faisoit plus de démarches, parce qu’il n’y en avoit plus à faire, et il prenoit ce repos nécessaire et forcé pour un effort de raison et de philosophie ; il répétoit avec vérité : Je n’intrigue point, je suis satisfait de mon sort. Il ajoutoit : Je n’ai point d’ambition. Il s’abusoit. On n’est véritablement indépendant que lorsqu’on a assez de modération pour se contenter de sa fortune actuelle, et un assez grand caractère pour ne pas craindre de s’exposer à la perdre quand il le faut. Le soin de conserver fait autant d’esclaves que le désir d’acquérir. Mirval n’étoit point un homme extraordinaire ; mais il avoit un grand fonds de droiture et d’honnêteté : son cœur étoit bon, sensible, reconnois-