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Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 2.djvu/240

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qui la rejetaient, et qu’il ne faisait aucune difficulté de communiquer avec eux, soutenant cette opinion sans quitter l’unité de la foi catholique ; ce qui fait voir que saint Justin ne regardait point le règne de mille ans comme un dogme de foi, mais comme une opinion. Du reste, la question n’était pas encore décidée du temps de saint Jérôme, puisque ce Père la désapprouve comme fausse, mais non comme hérétique, en laissant la décision au jugement de Jésus-Christ, sans vouloir condamner personne sur ce sujet.


Sur l’immortalité de l’âme, la résurrection des corps, le libre arbitre, la nécessité de la grâce et la pénitence.


Outre l’immortalité des âmes, nous ne faisons point de difficulté, dit saint Justin, de croire encore et d’espérer que les mêmes corps, jetés en terre, nous seront un jour rendus à chacun ; et nous fondons notre espérance sur ce que Dieu a dit, que tout lui est possible. Il réfute le sentiment de ceux qui prétendaient que tout se faisait par la force du destin, et fait voir que c’est par un choix libre que l’homme se porte à vivre, selon les règles de la vertu, ou qu’il se laisse aller au péché ; mais il soutient en même temps que pour faire le bien, l’homme a besoin de la grâce de Dieu, qui lui est donnée gratuitement. Il rejette encore le sentiment des Juifs de son temps et de plusieurs autres, qui se persuadaient faussement que, bien qu’ils commissent de grands péchés, Dieu ne les leur imputait point, quoiqu’ils n’en fissent aucune pénitence ; car notre doctrine nous apprend, dit-il, qu’il n’y a que ceux qui vivent saintement qui puissent parvenir à l’immortalité bienheureuse ; et nous croyons de même que ceux qui ont passé leur vie dans l’injustice sans s’être reconnus et sans avoir changé de conduite, seront éternellement tourmentés dans l’enfer.


Sur la circoncision, et les observances légales.


Saint Justin enseigne que la circoncision n’a été donnée aux Juifs que comme un signe pour les distinguer des gentils, et nullement pour les justifier ; que l’observation du sabbat n’a commencé qu’avec la loi de Moïse ; que quoique personne ne puisse être sauvé sans faire profession de la religion chrétienne, les Juifs, de son temps, pouvaient l’être, quoiqu’ils observassent encore la loi avec l’Évangile, pourvu qu’ils n’obligeassent pas les Chrétiens convertis de la gentilité à en user de même. Il avoue néanmoins