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fidents d’Auguste, figuraient avec lui sous le nom et sous les attributs des principales divinités de l’Olympe. Antoine, dans ses querelles avec Auguste, lui rappela cette voluptueuse apothéose ; et les épigrammes du temps célébrèrent amèrement les soupers adultères des nouvelles divinités, et la parodie sacrilége d’Octave représentant Apollon.

On concevra sans peine, dans un esprit aussi corrompu, mais aussi éclairé que celui d’Octave, ce mépris pour les fables du polythéisme, et cette fantaisie licencieuse de multiplier le nombre des dieux, par une facile imitation des vices que leur prêtait la fable. Mais on peut croire aussi que l’idée d’une puissance divine agissait peu sur l’âme d’Octave Cæpias, du cruel et ingrat proscripteur de Cicéron, du tyran timide et vicieux qui s’assura l’empire du monde, autant par les bassesses habiles de son caractère que par la supériorité de son esprit.

Cependant, lorsque maître de Rome il dépouilla sa robe sanglante des triumvirs, et qu’il aspira même au titre de réformateur, le maintien de la religion et la prospérité du culte des dieux furent au nombre de ses premiers soins. Parmi toutes les dignités républicaines dont il formait le mobilier de sa tyrannie, il n’oublia pas celle de grand pontife, aussitôt après la mort de l’insignifiant Lepide, qui en avait été revêtu. Auguste se saisit de ce titre, afin d’être à la fois chef de la religion et de l’état. Il fit relever les temples abattus ou tombés en ruine, dans la fureur des guerres civiles. Il en dédia de nouveaux ; il porta même la réforme dans les croyances publiques, en faisant brûler un grand nombre de recueils d’oracles pour ne réserver que les livres sibyllins, dans lesquels il fit un choix conforme à sa politique ; il fit de nouveaux avantages aux vestales ; il rétablit d’anciennes cérémonies, des processions, des sacrifices annuels dans les carrefours. Il allait assidûment au temple de Jupiter, et il avait, ou il affectait mille superstitions sur les songes et les présages. Enfin, il était hypocrite dans la religion comme dans la politique. Soupçonné d’inceste avec sa fille, et rival débauché d’Antoine, il recommanda les mœurs,