Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 3.djvu/317

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Dieu lui-même, suivant la mesure de leur intelligence. Or, d’après un pareil système, il n’y aurait plus aucune règle pour connaître la vérité ; car chaque disciple du Christ interpréterait la doctrine du salut suivant le résultat de ses impressions, et suivant la mesure de son esprit : alors aussi, et suivant le même système, il faudrait considérer comme entièrement inutile la venue de notre Seigneur sur la terre, puisqu’il serait venu pour tolérer, pour approuver toutes les idées particulières, toutes les erreurs des hommes touchant la nature de Dieu. La vérité est qu’il devait paraître aux Juifs très-mortifiant pour eux de s’entendre dire publiquement, par les apôtres, que cet homme qu’ils avaient vu, qu’ils avaient crucifié, était le Christ, fils de Dieu, et leur roi immortel. Il est donc évident que les apôtres ne parlaient point aux Juifs suivant les opinions reçues parmi eux : car ils ne cessaient de leur répéter en face qu’ils étaient les meurtriers du Christ ; ils leur prêchaient un Dieu le père, tout-puissant, supérieur à tous les faux dieux qu’adoraient les nations ; et s’ils leur avaient annoncé, suivant l’erreur des Gnostiques, un Sauveur impassible, alors à quoi bon leur reprocher la mort du Christ, puisqu’il n’aurait pu la souffrir ? Ainsi, si les apôtres, prêchant aux gentils, attaquaient toutes leurs opinions, tous leurs préjugés, en leur disant que leurs dieux n’étaient point des dieux, mais des idoles de démons, comment supposer qu’en parlant aux Juifs ils n’aient pas prêché la connaissance du vrai Dieu à ceux qui ne l’avaient pas ou qui l’avaient perdue, et en fortifiant cette croyance chez ceux en qui elle était déjà ? S’ils détruisaient les erreurs du paganisme ; s’ils renversaient ses dieux, ce n’était point pour y substituer d’autres erreurs et d’autres faux dieux, mais pour faire connaître Dieu le père, le seul et véritable Dieu.

Nous pouvons donc connaître parfaitement, d’après le discours que tint saint Pierre au centurion Corneille, étant à Césarée, et aux gentils qui étaient avec lui, puisque c’est dans cette circonstance que la parole de Dieu fut prêchée pour la première fois par les apôtres, nous pouvons connaître, disons-