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un autre Dieu, se disant plus sincères et plus prudents que les apôtres eux-mêmes, qui ont annoncé l’Évangile, et qui, étant Juifs, doivent bien connaître tout ce qui concernait le peuple juif. C’est par suite d’un semblable égarement que Marcion et ses disciples se sont mis à tronquer les Écritures, rejetant certaines parties dans leur entier, retranchant dans l’évangile de saint Luc et dans les épîtres de saint Paul, et ne trouvant de parfait que ce qu’ils ont rapetissé à leur taille. Mais, avec l’aide de Dieu, nous trouverons encore le moyen de les confondre, même dans le peu qu’ils ont conservé des Écritures ; nous en ferons l’objet d’un livre spécial. Quant au reste des hérétiques, enflés de la vanité d’une fausse science, ils veulent bien reconnaître la vérité des Écritures, mais ils rejettent ceux qui en ont été les interprètes, comme nous l’avons fait voir dans le premier livre. Ceux qui suivent les erreurs de Marcion prennent de là prétexte pour blasphémer le nom de l’auteur de toutes choses, en disant qu’il est aussi l’auteur du mal ; et ils cherchent ensuite à adoucir cette allégation, en disant qu’il y a deux dieux, opposés l’un à l’autre, dont l’un est l’auteur du bien, et l’autre l’auteur du mal. Les valentiniens, en employant des expressions plus mitigées lorsqu’ils parlent du Dieu souverain, professent des erreurs plus offensantes encore envers la majesté divine, car ils font sortir l’architecte des mondes non point du sein de ces Æons qui selon eux font partie de la puissance infinie, mais en le représentant comme le résultat des choses impures qui ont été rejetée hors du Plerum. L’ignorance de Dieu et des saintes Écritures a seule pu les conduire à de pareilles extravagances. Occupons-nous donc maintenant d’examiner les différences apparentes entre les deux Testaments, et ce sera une nouvelle occasion pour nous de démontrer de nouveau leur parfaite unité et leur entière concordance.

Les apôtres et leurs disciples enseignèrent donc la doctrine que l’Église prêche encore aujourd’hui ; et ils devinrent parfaits en pratiquant cet enseignement, parce que cet enseignement renfermait la perfection même. Saint Étienne, pendant qu’il était encore sur la terre, enseignant l’Évangile, eut le bonheur