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son de Jacob, reconnaîtraient que la vérité du saint ne se trouve que dans ces mêmes Écritures, et où les Juifs qui n’y croient pas trouveraient l’arrêt de leur éternelle réprobation.

Avant le temps de la domination des Romains en Judée, et pendant que l’empire des Macédoniens s’étendait sur toute l’Asie, Ptolémée fils de Lagus, d’autres disent Ptolémée Philadelphe, ayant formé le projet de rassembler dans la bibliothèque qu’il avait fondée à Alexandrie tous les écrits célèbres, voulut se procurer une traduction complète en langue grecque de toutes les saintes Écritures juives. Les Juifs donc (car ils faisaient alors partie de l’empire de Macédoine), envoyèrent à ce prince soixante-et-dix savants également habiles dans les deux langues, l’hébraïque et la grecque, pour exécuter le projet de Ptolémée. Le prince, pour s’assurer de la fidélité de cette traduction, et dans la crainte que les septante interprètes ne s’entendissent ensemble pour en altérer quelques parties, ordonna qu’ils se livreraient à cette traduction chacun séparément et sans avoir de communication entr’eux ; et cela eut lieu pendant toute la durée de ce travail. Lorsqu’il fut achevé, Ptolémée les convoqua tous ; toutes les traductions furent comparées, et il se trouva, afin que Dieu fût glorifié, qu’elles étaient toutes semblables ; il fut reconnu que les saintes Écritures étaient dues à l’inspiration divine, qui avait rempli l’esprit des interprètes eux-mêmes, puisque, en traduisant chacun séparément, ils s’étaient tous rencontrés pour employer les mêmes termes et les mêmes noms depuis le commencement jusqu’à la fin. C’est ainsi qu’il a été constaté que l’interprétation des Écritures avait été inspirée par Dieu même. Et ce miracle de Dieu serait d’autant mieux dans l’ordre de sa Providence, que nous savons que les Écritures avaient souffert quelque altération pendant la servitude des Israélites sous Nabuchodonosor ; qu’ensuite, après le retour des Hébreux dans leur patrie et sous le règne d’Artaxerce roi de Perse, Dieu inspira à Esdras, grand-prêtre de la tribu de Lévi, la pensée de réunir dans un seul livre tous les écrits des anciens prophètes, et de réintégrer le texte entier de la loi transmise au peuple par Moïse.