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Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 3.djvu/446

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qui le sacrifice est offert ; mais chacune de ces deux espèces d’oblations est marquée d’un caractère particulier : l’une est frappée d’un sceau de servitude, l’autre d’un sceau de liberté ; chacune sert donc à déterminer un état particulier de l’humanité. Car il n’y a rien d’inutile dans les ouvrages de Dieu ; chaque chose a son symbole et sa réalité. Sous l’ancienne loi, par exemple, le dixième des biens était destiné au service de l’autel ; tandis que sous la nouvelle loi, qui est une loi de liberté, personne n’est tenu à payer une dîme, et fait ce qu’il veut de ses biens ; et s’il en donne une partie pour le service divin, il offre ce qu’il a de meilleur, parce qu’il a l’espérance de mériter des biens plus grands. Ainsi le trésor de Dieu fournit aux besoins de la veuve et de l’orphelin.

Nous voyons que, dès le commencement du monde, les offrandes d’Abel furent agréables au Seigneur, parce qu’il les accompagnait d’un sentiment d’innocence et de justice, tandis que celles de Caïn ne furent pas regardées d’un œil aussi favorable, parce qu’il avait déjà souillé son cœur en y laissant pénétrer la jalousie et la haine ; ce qui lui attira les justes reproches de Dieu, qui lui dit : « Si tu fais bien, n’en recevras-tu pas le salaire ? Tu as péché : chasse tes mauvaises pensées. » En effet, il ne suffit pas d’offrir une offrande, quelque pure qu’elle puisse être, si, dans le fond de l’âme, on n’est pas animé d’un sentiment suffisant d’amour et de crainte de Dieu. Ce ne sera pas l’appareil extérieur du sacrifice qui fera oublier à Dieu notre amour intérieur pour le péché : une pareille offrande ne sert à rien ; mais il faut effacer la souillure de l’âme, de peur que, par une prière toute d’hypocrisie, nous ne rendions impossible de notre part tout retour au bien. C’est ce que signifient ces paroles de notre Seigneur : « Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous êtes semblables à des sépulcres blanchis qui, au dehors, paraissent beaux, mais qui, au dedans, sont pleins d’ossements de morts et de corruption. Ainsi, au dehors, vous paraissez justes aux hommes ; mais, au dedans, vous êtes pleins d’hypocrisie et d’iniquité. » En effet, sous des apparences d’hommes de bien,