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SAINT IRÉNÉE.

faire entrer les agneaux dans le royaume qui leur est préparé, et renvoyer les boucs dans le feu éternel, que Dieu a destiné au diable et à ses anges. Eh quoi donc ? le Verbe n’est-il pas venu pour la ruine des uns et pour l’exaltation des autres ? Pour la ruine de ceux qui ne croient pas en lui, et qu’il a menacés d’une damnation plus terrible que ne fut le châtiment de Sodome et de Gomorrhe ; et pour l’exaltation de ceux qui auront cru en lui, et qui auront fait la volonté de son Père, qui est dans les cieux. Si donc tous les hommes doivent prendre également part à l’avénement du fils de Dieu, c’est qu’il viendra pour les juger tous, pour séparer les croyants des non-croyants, parce que les uns et les autres auront mérité ou démérité volontairement, les uns par leur soumission à sa volonté, les autres par leur désobéissance. De là, la preuve que Dieu, en créant les hommes, leur a donné à tous également la liberté et le libre arbitre ; car il veille sur tout, et il pourvoit à tout ; « c’est lui qui fait lever son soleil sur les bons et sur les méchants, et pleuvoir sur les justes et sur les injustes. »

Ainsi Dieu donne sa communion à tous ceux qui gardent fidèlement son amour. Et cette communion consiste dans la jouissance de la vie et de la lumière, et de tous les biens qui en dérivent. Mais quant à ceux qui s’éloignent volontairement de lui, il prononce définitivement leur séparation d’avec Dieu, séparation qu’ils ont eux-mêmes choisie. Or, la séparation d’avec Dieu, c’est la mort ; de même que la privation de la lumière, c’est la nuit ; et la séparation d’un Dieu entraîne la privation de tous les biens qui sont le partage des bons. Ceux donc qui ont perdu par leur apostasie tout droit à ces biens dont nous parlons, sont plongés dans toute espèce de maux. Et ce n’est plus Dieu lui-même, en quelque sorte, qui les punit, c’est le châtiment même qui s’attache à eux, parce qu’ils sont privés de tous les biens qui auraient pu l’éloigner. Or, les biens qui viennent de Dieu ont une éternelle durée ; c’est pour cela que leur privation est aussi éternelle et sans fin. Il en est à cet égard comme de ceux qui ont perdu par leur faute, ou à qui