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Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 4.djvu/156

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DOCTRINE DE SAINT CLÉMENT.

rise son opinion de l’exemple de saint Paul, qui, pour gagner les Juifs et se les rendre favorables, circoncit Timothée, quoique dans tous ses discours il s’efforçât de faire voir l’inutilité de la circoncision. Il dit que les Chrétiens ne conservaient aucune figure sensible et matérielle de la Divinité ; ce qui apparemment a donné lieu à Photius de dire qu’il parlait des images dans un de ses Traités. Ils célébraient les divins mystères pendant la nuit, pour y apporter plus d’attention ; mais ils ne laissaient pas d’avoir plusieurs heures réglées pendant le jour pour prier, savoir, tierce, sexte et none. On se tournait vers l’orient, et la posture ordinaire, en priant, était de lever la tête et les mains au ciel : on faisait même quelques mouvements des pieds, en répondant à la conclusion de la prière. On jeûnait deux fois la semaine, le mercredi et le vendredi.

Sur l’utilité de la philosophie.

Saint Clément dit que Dieu a donné la philosophie aux Grecs, afin qu’elle leur servît de préparation à l’Évangile, comme il a donné la loi aux Hébreux. Il semble même dire qu’avant la venue de Jésus-Christ la philosophie les justifiait. Mais si l’on fait attention à toute la suite de son raisonnement sur cette matière, on verra qu’il était très-éloigné d’attribuer une si grande vertu à des sciences purement humaines. Car, 1o il dit qu’il en est de la philosophie des Grecs par rapport à la connaissance de la vérité, comme d’un homme qui veut marcher sans pieds. 2o Il s’explique sur cette justice prétendue, et dit que celle que produisait la philosophie était imparfaite, ou plutôt qu’elle n’était qu’une disposition éloignée pour acquérir la vraie justice, de même que la granulaire est une disposition à la philosophie, et le degré un moyen pour monter à un étage supérieur. 3o Il dit en termes exprès qu’il n’y avait point de salut à espérer pour les philosophes, s’ils ne quittaient le culte des idoles et ne croyaient en Jésus-Christ ; que sans la foi toutes leurs bonnes œuvres ne leur serviraient de rien pour le salut. 4o S’il avait cru que la philosophie seule justi-