était rendu à la vie, la pénitence reprenait tous ses droits jusqu’à ce que le coupable eût acquitté ses dettes et payé la dernière obole. Cette carrière de douleurs épouvanta ceux qui avaient failli. Au lieu d’appeler à leur secours la mortification et la pénitence, ils trouvèrent plus commode de briguer les suffrages des confesseurs et des martyrs les plus illustres ; car tous n’avaient pas le privilége de désarmer l’Église d’une partie de ses sévérités. Il fallait qu’ils eussent fait leurs preuves sur les champs de bataille ou dans les privations des cachots. Les prévaricateurs, à force d’importunités et de prières, arrachèrent donc aux athlètes de la foi des billets où la réconciliation et la paix leur étaient promises. Dans leur régularité primitive, ces billets n’affranchissaient personne des épreuves de la pénitence ; seulement ils en adoucissaient la rigueur ou en abrégeaient la durée. Avant tout, ils laissaient l’affaire à l’examen et à la décision de l’évêque, ainsi qu’à l’approbation du peuple. L’Église, dans ses maternelles sollicitudes, avait autorisé cette pratique dans plusieurs contrées. Par une sorte de répartition entre la générosité qui avait vaincu et la faiblesse qui avait succombé, le superflu de la gloire et des mérites chez les uns se versait sur l’indigence et l’obscurité des autres.
La facilité avec laquelle plusieurs martyrs répandirent par milliers ces sortes de billets amena de graves désordres dans l’Église de Carthage. De quelle nature était la prévarication ? Les coupables pleuraient-ils sincèrement leur faute ? avaient-ils commencé les épreuves expiatoires ? les martyrs avaient oublié de s’en informer. Quelquefois la rédaction de ces billets : « La communion à un tel avec tous les siens, » était conçue dans des termes si larges, que l’on pouvait y comprendre les alliés, les parents, les amis et les serviteurs du coupable. La complaisance en gratifia l’amitié, la cupidité y chercha un honteux trafic.
Les cinq prêtres, qui avaient conspiré contre l’élection de Cy-
