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faut l’imputer à des esprits corrompus et vagabonds qui, depuis qu’ils se sont plongés dans la fange de la terre et dépouillés de leur vigueur primitive, ne cherchent qu’à entraîner l’homme dans leur ruine, et à verser dans tous les cœurs le poison de leur propre dépravation. La poésie antique les connut sous le nom de démons. Socrate, s’il faut l’en croire, avait un de ces génies qui dirigeait toutes ses actions. Ils manifestent leur présence par des prestiges et des enchantements. Un des premiers magiciens cependant, Hostanès, assure avec beaucoup de sagacité que la forme du vrai Dieu échappe à nos sens, et que les anges véritables sont rangés autour de son trône. D’accord avec lui, Platon n’admet qu’un Dieu unique, et appelle anges ou démons, les créatures intermédiaires. Hermès Trismégiste ne reconnaît non plus qu’un seul Dieu, et il le proclame incompréhensible, insaisissable aux yeux comme à la pensée.

Ce sont ces esprits déchus qui s’enferment secrètement dans les statues consacrées et sous les représentations idolâtriques ; eux qui allument l’enthousiasme au cœur du prêtre, eux qui font palpiter les fibres des victimes, qui gouvernent le vol des oiseaux, dirigent le destin, rendent des oracles ; eux qui, trompeurs et trompés, enveloppent incessamment la vérité de nuages et de ténèbres, troublent la vie, inquiètent le sommeil. Ils vont plus loin : ils se glissent clandestinement dans les corps humains, en prennent possession, bouleversent l’âme, secouent et tordent les membres dans d’horribles convulsions, détruisent la santé, appellent les maladies, afin de pousser l’homme à chercher un remède au pied de leurs autels ; puis, alors que rassasiés d’encens et gorgés de mets, ils consentiront à déserter les corps qu’ils fatiguaient sous le fardeau de leur présence, ils appelleront faveur et guérison ce qui n’est que la cessation de leurs outrages. Détourner la créature du culte divin, lui dérober la connaissance de la religion véritable, pour la précipiter dans les superstitions de l’idolâtrie ; envelopper dans leur châtiment les complices de leurs crimes et de leurs erreurs, voilà leur but et leur occupation. Cependant, quand nous les