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NOTICE SUR LA VIE

l’Église. Soit zèle de la discipline ecclésiastique, soit tout autre motif, Démétrius poursuivit cette affaire avec chaleur. Il assembla un premier concile auquel il soumit quelques erreurs qui semblaient contenues dans les ouvrages d’Origène ; il lui fut défendu d’enseigner et même de résider à Alexandrie. Un second concile le déposa, et Démétrius alla même jusqu’à l’excommunication. Le fervent évêque mourut peu de temps après ; Héraclius lui succéda. Origène s’était soumis et retiré à Césarée.

Il avait fait quelque séjour à Jérusalem, et continuait, tant dans cette ville que dans Césarée, aux sollicitations des évêques, à expliquer les saintes Écritures. Attirés par sa science et ses vertus, les disciples accouraient en foule sur ses traces ; Firmilien, évêque dans la Cappadoce, vint le trouver en Palestine, pour recevoir de lui plus de lumières et plus de foi ; et enfin Origène eut la gloire et le bonheur d’amener dans le sein de l’Église chrétienne deux frères illustres, Athénodore et surtout saint Grégoire, surnommé le Thaumaturge.

La persécution recommença sous l’empereur Maximin, qui avait succédé à Alexandre vers l’an 235 environ. Une conspiration avait été ourdie contre ce soldat cruel, élevé à l’empire par d’autres soldats. Il fit périr quatre mille prisonniers ; et comme, parmi eux, il se trouvait quelques chrétiens, amis et serviteurs d’Alexandre, son prédécesseur, il en prit occasion de poursuivre l’Église entière. Il paraît même que cette persécution fut dirigée surtout contre Origène ; sa réputation et son zèle le rendaient redoutable aux païens. On pense qu’il se retira, d’abord, dans la Cappadoce chez l’évêque Firmilien, et qu’ensuite tous deux se cachèrent dans la maison de la riche et pieuse Julienne, où il est certain qu’Origène passa deux ans. Elle avait reçu par héritage, de Symmaque, le traducteur de l’Écriture, une bibliothèque nombreuse. Origène y puisa les moyens de compulser et de comparer les différents textes des Écritures. Ce fut de cette retraite qu’il écrivit à son ami Ambroise, arrêté en Palestine, une lettre ou plutôt un traité sur l’exhortation au martyre.

Maximin, son fils et le vieux Gordien, successivement ou simultanément empereurs de Rome et tués par les soldats, ayant eu pour successeurs, en 237 et 238, le jeune Gordien, Pulpien et Balbin, l’Église put respirer quelque temps. Origène