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ET LES OUVRAGES D’ORIGÈNE.

vint à Nicomédie, et y reçut de Jules Africain une dissertation sur l’histoire de Suzanne, que ce chrétien savant regardait comme supposée, ce qui permit à Origène, en combattant cette supposition, de traiter l’importante question des livres apocryphes.

De là, Origène passa en Grèce et fit quelque séjour à Athènes. Il y acheva ses commentaires sur Ézéchiel, et commença ceux qu’il préparait sur le Cantique qu’il acheva à Césarée, où il revint de nouveau. Firmilien et d’autres disciples accoururent l’y trouver ; et c’est alors que Théodore, depuis saint Grégoire le thaumaturge, voulant témoigner à Origène la reconnaissance qu’il lui conservait, prononça devant lui, et en présence d’une imposante assemblée, ce discours que nous possédons encore, où il raconte toute la méthode d’enseignement d’Origène, toutes ses vues évangéliques, et où il lui donne, entre autres louanges, celles de divin et d’inspiré de Dieu.

Le nombre considérable des ouvrages d’Origène, au milieu de ses voyages et de ses persécutions, s’explique par la manière dont ces ouvrages étaient composés et recueillis. Aidé par la richesse et les lumières d’Ambroise et de Julienne, il entretenait autour de lui de jeunes hommes et même de jeunes filles, scribes ou secrétaires, que les anciens appelaient notaires (notarii) et libraires (librarii). Les uns, qui possédaient l’art d’une sorte de tachygraphie, écrivaient rapidement tous les discours ou homélies prononcés par Origène, ainsi que les commentaires qu’il leur dictait. Les autres transcrivaient et conservaient toutes ces notes. Sept d’entre eux, ses disciples ou serviteurs étaient sans cesse auprès d’Origène. Avec leur secours, après avoir quitté la Grèce et être revenu en Palestine, il continua le plus important de ses ouvrages, qu’il avait commencé à Alexandrie, poursuivi en Cappadoce, et qu’il acheva à Tyr vingt-huit ans après. « C’était, dit l’auteur de l’histoire ecclésiastique, des éditions de l’Écriture sainte à plusieurs colonnes pour conférer ensemble les différentes versions. Il en fit trois que l’on nomma en grec hexaples, octaples ou tetraples, selon le nombre des colonnes. » Comme il ne savait pas moins bien l’hébreu que le grec et le latin, et que lui-même avait trouvé deux versions de l’Écriture, l’une, comme je l’ai déjà dit, à Jéricho, vers la fin du règne de Caracalla, l’autre à Nicopoli, en Épire, sous Alexandre Sévère ; cette collation de tous les