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NOTICE SUR LA VIE

textes était une œuvre d’un immense intérêt, et Origène est ainsi le premier qui ait entièrement commenté la Bible. Origène, par ces travaux, ne prétendait pas diminuer l’autorité de la version des Septante, qu’il avait lui-même disposée en une seule édition afin qu’elle pût tenir lieu de toutes les autres ; car elle était en usage partout où l’on parlait grec, et l’Église s’en était toujours servie, même pour les versions latines qui avaient cours en Occident ; il prétendait seulement en éclaircir les difficultés, et il s’en explique dans ses lettres à Africain, et dans plusieurs endroits de ses commentaires et de ses homélies. On recueillit plus de mille de ces dernières, lorsqu’Origène, alors âgé de soixante ans, permit qu’on les écrivît. Son zèle suffisait à tout, et sa correspondance s’étendait de toutes parts. Eusèbe avait réuni plus de cent lettres d’Origène, célèbres alors par les matières qu’il y traitait, et entre autres celles qu’il adressa à l’empereur Philippe et à sa femme Severa, qui étaient parvenus au pouvoir en 243. Il redressait l’hérésie partout où elle se montrait, et notamment celle que Bérylle, évêque de Bosre, en Arabie, avait répandue touchant les mystères. Il le força publiquement à la reconnaître, et on voyait encore du temps d’Eusèbe, cent ans après, les décrets du concile assemblé sur ce sujet, ainsi que les conférences qu’Origène avait eues avec Bérylle en présence de l’Église qu’il gouvernait.

Le règne de l’empereur Dèce (249) vit naître une sanglante persécution contre les chrétiens. Origène, que l’on ne faisait pas périr, dans l’espérance que les tourments affaibliraient sa loi, et que sa renonciation au christianisme entraînerait celle de beaucoup d’autres, Origène devint l’objet de la cruauté païenne. On le jeta dans les cachots, on le chargea de chaînes, il fut mis au carcan et dans les entraves, et, au milieu d’autres tortures, on le menaçait sans cesse de le livrer aux flammes. Rien ne put ébranler sa constance, et du fond de sa prison, il écrivait encore aux compagnons de son martyre et leur adressait des exhortations ou des consolations.

Dieu veillait sur lui, sans doute, afin qu’il pût couronner la série de ses glorieux travaux, comme il le fit quelques années après par sa réponse au livre de Celse, qui, sous le règne d’Adrien, avait composé un ouvrage rempli de mensonges et d’invectives contre les chrétiens. Origène céda aux sollicitations