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ORIGÈNE.

la vie, des anges, des puissances, de toute autre force semblable. Je n’aime donc pas celui dont la foi pourrait être renversée par les écrits d’un Celse, qui n’existe plus, et même depuis longtemps, ou par d’autres discours qui ne seraient que spécieux. Je ne sais quelle place assigner à ce chrétien dont la foi a besoin d’être protégée par une apologie contre les calomnieuses attaques d’un Celse, et qui viendrait à défaillir si ce point d’appui manquait à sa faiblesse. Toutefois, comme il peut se faire que parmi les fidèles quelques-uns trouvent leur perte dans les écrits d’un sophiste, et leur salut dans une réplique qui ruinerait de fond en comble la calomnie et affermirait la vérité, je me suis rendu à vos désirs, et je réponds à l’ouvrage que vous m’avez envoyé. Celse l’intitule la vérité : d’abord, je ne crois pas qu’un homme tant soit peu philosophe lui passe ce titre.

5. Paul, qui savait bien que tout n’est pas à mépriser dans la philosophie des Grecs, que l’erreur s’y cache sous un air de vérité qui peut faire illusion, nous en parle en ces termes : « Prenez garde de ne pas vous laisser surprendre par la philosophie et par de vaines subtilités, selon les traditions des hommes, selon les principes d’une science mondaine et non selon Jésus-Christ. » C’est parce qu’il s’apercevait bien que ces ouvrages pouvaient imposer par un certain air de grandeur, qu’il les appelle des discours selon les éléments de la science mondaine. Quel homme de bon sens pourrait même accorder ce privilége aux ouvrages de Celse ? Mais comme les écrits des anciens philosophes se présentaient sous des dehors spécieux et séduisants, l’Apôtre les appelle une vaine tromperie, sans doute pour distinguer celle-ci d’une autre, qui n’est pas vaine, et que Jérémie avait en vue, lorsqu’il ose dire à Dieu : « Seigneur, vous m’avez trompé, et je me suis laissé prendre. Vous avez été plus fort, et vous avez prévalu. » Mais je ne pense pas qu’il y ait la moindre tromperie, même la plus vaine, dans les écrits de Celse, tant ils sont inférieurs