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ORIGÈNE.

propre atteint son but, mais qu’elle est sans résultat et vaine prononcée dans une autre langue. Donc, la force et l’efficacité de l’incantation ne consiste pas dans le Sens de la chose, mais dans les propriétés du nom. C’est un des motifs qui justifient les chrétiens qui aiment mieux mourir que d’invoquer Dieu en l’appelant du nom de Jupiter, ç’est-à-dire d’un nom étranger. Car son seul vrai nom est Dieu ou le Créateur du ciel et de la terre ; et les noms de ceux qu’il a envoyés ici-bas, ajoutés au nom divin, exercent sur l’esprit des hommes une sainte influence. On pourrait disserter plus longuement contre ceux qui soutiennent que les mots sont indifférents en eux-mêmes. Car, si l’on admire Platon, rapportant le dialogue de Philèbe et de Socrate, où le premier appelle Dieu la volupté, et où le second lui répond qu’il a un grand culte pour les vrais noms des dieux, à combien plus forte raison les chrétiens sont-ils dignes d’éloge quand ils refusent d’appliquer au créateur de toutes choses un nom profané par toute espèce de fables. Assez sur cette question.

XXVI. Voyons comment Celse, qui prétend tout savoir, calomnie les Juifs : Ils accordent, dit-il, un culte aux anges y et pratiquent la magie que leur a enseignée Moïse. Mais il ne cite point les passages des livres mosaïques, dont il s’appuie pour prétendre que les Juifs adorent les anges. Ce savant, qui se dit si instruit de tout ce qui concerne le judaïsme et le christianisme et qui croît les disciples de Moïse adonnés à la magie, n’avait donc pas lu dans les commandements bibliques : Vous ne vous livrerez point aux enchanteurs, de peur qu’ils ne vous souillent. Il promet ensuite de montrer comment les Juifs, trompés par l’ignorance, s’égarèrent. Or, au lieu de chercher la seule cause de cette aberration dans l’interprétation fausse des prophéties sur le Christ, il ne fait pas même attention h ce fait capital, et il prend pour des erreurs des choses qui ne le sont nullement. Ensuite, promettant de revenir plus tard sur cette question, il passe à notre Sauveur, comme