y a toujours plus d’ignorants que de philosophes, il à fallu laisser la plupart des néophytes dons un état incomplet de science, par l’impossibilité de leur faire comprendre la doctrine dans toute son étendue. C’est ce que Celse ne veut pas voir, et pour mieux dénaturer une religion qui s’adapte à tous les degrés de l’intelligence, il l’accuse d’être grossière et impuissante sur les esprits cultivés, et de n’agir que sur les ignorants. Et puis il avoue cependant qu’elle a converti des sages, qui comprennent l’allégorie, qui sont modérés et prudents.
XXVIII. Puis, comme un rhéteur enseignant des enfants, il suppose des personnages, et fait dire par un Juif à Jésus des puérilités indignes de tout philosophe : montrons-en l’incohérence, ainsi que les contradictions qui se trouvent dans le caractère du Juif de Celse. Un Juif s’entretient donc avec Jésus, et lui fait) comme bien on pense, de nombreux reproches ; d’abord, de ce qu’il se dit né d’une vierge, puis de ce qu’il ri est qu’un villageois, de ce que sa mère était indigente > et vivait occupée à filer ; ensuite de ce que, surprise en adultère, elle fut chassée par son époux, qui était artisan ; que lui, Jésus, naquit honteusement de cette femme ainsi renvoyée et vagabonde ; que la pauvreté le força à se mettre au service en Egypte, où il apprit les arts magiques, dont les Égyptiens font un si grand cas, et qui lui donnèrent, quand il revint dans sa patrie, occasion de s’élever au point de passer enfin pour un Dieu. Moi, qui ne puis entendre discuter les infidèles sans scruter à fond leurs discours, j’avoue que toutes ces accusations me prouvent que Jésus est vraiment digne de la prophétie qui l’appelle Fils de Dieu.
XXIX. En effet, l’illustration de la naissance, le rang de la famille, la faculté des parents de donner à leur fils une éducation brillante et complète, la célébrité du pays natal, toutes ces choses contribuent beaucoup à la gloire et à la réputation d’un homme. Mais celui qui, privé de tous ces avantages, malgré les plus grandes difficultés par-
