sans avoir pratiqué eux-mêmes les maximes qu’ils propageaient, surtout lorsqu’on réfléchit aux dangers extrêmes où, conformément à l’ordre des choses humaines, se jette quiconque ose promulguer une croyance nouvelle en dépit des défenseurs de l’ancien dogme. Les Apôtres n’ignoraient pas ce qui les attendait lorsqu’ils démontrèrent aux Juifs, par les textes de leurs prophètes, que Jésus était le Messie ; lorsqu’ils annoncèrent à toutes les nations que ce crucifié avait subi la mort volontairement pour l’espèce humaine, semblable en ceci aux héros qui se sacrifiaient pour délivrer leur pays de la peste, de la famine, des ouragans et autres calamités, apaisant par leur mort spontanée les démons qui président à ces fléaux, et que, par des raisons naturelles, mais mystérieuses, le sang du juste doit désarmer. Ceux qui croient aux nombreuses histoires grecques et barbares sur ces citoyens qui, pour sauver leur pays, ont accepté la mort, devraient-ils refuser de croire à Jésus mourant en croix pour les hommes ? Si ces dévouements ont eu réellement lieu, pourquoi n’en serait-il pas de même relativement à la mort de l’Homme-Dieu, envoyé pour vaincre le grand démon, prince des démons, qui avait réduit sous son empire toutes les âmes humaines ? Instruits de ces choses et de beaucoup d’autres, sans doute par leurs entretiens secrets avec le maître, et remplis en même temps d’une vertu invincible et d’une audace, que leur inspirait non pas quelque sibylle de l’invention des poètes, mais la véritable prudence ou la sagesse de Diçu, les disciples commencèrent à devenir illustres et à propager leur renommée bien au-delà des villes grecques, jusque chez les Barbares.
XXXII. Mais revenons à la prosopopée du Juif, racontant l’expulsion de la mère de Jésus de la maison de l’artisan son fiancé, après qu’elle eut été déshonorée par un soldat nommé Panthère, et fut devenue enceinte de lui. Voyons si cette histoire de l’adultère et de l’expulsion de la Vierge n’a pas été fabriquée par la haine aveugle contre
