Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 8.djvu/141

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
137
ORIGÈNE.

l’enfant extraordinaire conçu du Saint-Esprit. D’abord, ses ennemis ne pouvaient pas autrement contester la naissance miraculeuse de Jésus, hors de l’acte du mariage ; et ceux qui s’obstinaient à ne pas croire en lui devaient être naturellement portés à forger des mensonges. Mais l’invraisemblance de ce mensonge, qui admettait néanmoins que Jésus était né avant le mariage, et non de Joseph, devait frapper tout esprit habitué à raisonner et à distinguer le faux dû vrai. Car comment supposer raisonnablement, au lieu d’une origine miraculeuse, une naissance honteuse et souillée à celui tpi a, tant fait pour la race humaine, et a travaillé, autant qu’il le pouvait, à retirer de leurs vices et à ramener vers l’amour du Créateur, par la crainte de ses jugements, aussi bien les Grecs que les Barbares ? Je le demande aux Grecs et à Celse le platonicien : celui qui envoie les âmes dans les corps aurait-il pu faire naître de la plus honteuse manière, sans même lui donner des parents légitimes, l’homme qui devait accomplir de si grandes choses, instruire tant de peuples, tirer tant d’êtres de la fange des passions ? Ne serait-il pas plus vraisemblable, en parlant avec Pythagore, Platon, Empédocle que Celse nomme souvent, d’admettre une union mystérieuse, inexplicable, de cette ame à son corps, par suite de ses mérites antérieurs ? Et par conséquent l’être qui devait rendre de si grands services à l’espèce humaine, aurait eu besoin d’un corps non-seulement plus parfait que la plupart des corps humains, mais encore d’une nature tout-à-fait supérieure.

XXXIII. D’après les philosophes une ame qui pour des causes cachées, sans être coupable au point de devoir être enfermée dans la brute, ne mérite cependant pas d’occuper le corps d’un animal raisonnable, entre dans un corps monstrueux, où la tête est mal adaptée aux autres membres, et empêche la raison de fonctionner. Une autre ame plus méritante reçoit un corps plus harmonique, une troisième obtient des organes encore mieux ouverts au souffle de l’intelligence. Pourquoi ne pas accorder à Jésus un