Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 8.djvu/174

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
170
ORIGÈNE.

glement, comme les enfants de Sodome, ceux des gardes qu’Hérode aurait envoyés pour le massacrer. Il ne fallait pas l’environner d’une assistance surnaturelle, ni trop extraordinaire, puisqu’il devait comme homme rendre témoignage de la vérité, et prouver par sa doctrine même que dans sa personne terrestre et visible résidait un souffle divin qui le rendait vraiment Fils de Dieu, c’est-à-dire Verbe, puissance et sagesse éternelle. Mais ce n’est pas ici le lieu de disserter sur les éléments dont était composé le Christ ; ces points de doctrine ne concernent que les fidèles : ce sont, pour ainsi dire, des questions domestiques.

LXVII. Le Juif de Celse, devenant tout à coup un savant helléniste, s’écrie : Nous n’ajoutons pas foi aux antiques fables qui font naître des Dieux les héros Persée, Amphion, Æacus, Minos ; cependant il est très-probable que ces hommes ont accompli de grandes choses, qui surpassaient la force humaine. Mais toi, Jésus, qu’as-tu donc fait ou dit qui soit admirable ? Rien jusqu’à ce moment, quoique les Juifs dans leur temple t’aient pressé de te montrer Fils-de Dieu par un prodige. Avant de réfuter ces blasphêmes, je demanderai aux Grecs ce que ces hommes ont fait de si brillant, de si utile à l’espèce humaine, pour que les fables sur leur origine divine méritent d’être crues. On ne peut rien citer d’eux qui rivalise, même au moindre degré, avec ce que Jésus a opéré dans le monde, à moins de nous renvoyer aux histoires fabuleuses, et à vouloir que nous ajoutions foi à des choses privées de toute preuve, en rejetant des croyances aussi évidemment démontrées que le sont les nôtres. Ce que Jésus a fait est maintenant connu dans tout l’univers ; partout en son nom s’élèvent des Églises, où des multitudes d’ames se convertissent à une vie meilleure. L’invocation de Jésus apaise les esprits troublés, chasse les démons, guérit les malades, donne aux mœurs une continence et une mansuétude admirables, une politesse et une suavité qui distinguent les chrétiens entre tous, j’entends les chrétiens véritables, dévoués à la doc-