Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 8.djvu/175

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
171
ORIGÈNE.

trine du Christ et du jugement futur, et non aux commodités de cette vie terrestre.

LXVIII. Celse promet enfin de signaler les hautes œuvres de Jésus, œuvres sur lesquelles nous avons donné ailleurs des détails. Il feint de reconnaître comme vrai tout ce qui a été écrit des guérisons miraculeuses, de la résurrection des morts, de la multiplication des pains, dont il resta encore des fragments après que toute la multitude eut été rassasiée. Il concède tout ce qu’il appelle les amplifications des Apôtres, et ajoute : Supposons que tu aies fait tout cela ; n’en est-il pas de même des charlatans ? Eux aussi vont de prodige en prodige. Les magiciens d’Égypte, dit-il, qui vendent pour quelques oboles leurs secrets vénérés au milieu des carrefours, chassent aussi les démons du corps des hommes, conjurent les maladies, évoquent les âmes des héros ; ils font apparaître des tables de festins, des appareils magnifiques, des richesses qui n’ont jamais été, ils font mouvoir des animaux fantastiques. Et parce qu’ils font ces choses, dit Celse, en concluant, devrons-nous les regarder comme Fils de Dieu ? ou n’est-il pas plus sage de les appeler des vauriens ? Dans cette circonstance notre adversaire n’est point éloigné d’admettre la magie, quoiqu’il soit généralement regardé comme l’auteur de plusieurs livres contre cet art mais il trouve commode de comparer ici les miracles de Jésus avec les prodiges de la magie qu’ailleurs il niera. Il y aurait lieu à comparaison, si le Sauveur n’avait, comme les magiciens, offert aux spectateurs que des apparences. En outre les magiciens ne poussent point par leurs œuvres les hommes à devenir meilleurs ; ils n’inspirent point la crainte de Dieu, et n’excitent point à vivre dans la pensée du jugement futur. Ils ne font rien de tout cela, parce qu’ils ne le peuvent, ni ne le veulent, étant eux-mêmes livrés aux vices les plus honteux. Celui-là au contraire qui, par ses prodiges, excitait les spectateurs à mieux faire, ne doit-il pas être regardé comme ayant donné à tous les hommes, aussi bien qu’à ses disci-