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mais tu n’es qu’un homme, et tu n’es point Dieu. »

LIV. La venue de l’Antechrist et sa fin sont donc annoncées dans ces trois prophéties ; son nom s’y trouve, bien que d’une manière énigmatique. Voyons maintenant quelle sera sa conduite. Il rassemblera autour de lui tous les peuples de la terre, comme ses enfants, en leur promettant de rétablir leur patrie dans son ancienne puissance : il les flattera ainsi pour se faire adorer d’eux ; comme dit le prophète : « Il appellera vers lui tous les peuples, ses sujets, du couchant à l’aurore. Ils viendront en foule, ceux qui auront été appelés et ceux qui ne l’auront pas été. » Jérémie parle aussi de lui sous la métaphore d’un oiseau[1] : « Comme la perdrix couve des œufs qui ne sont point à elle, ainsi l’injustice s’enrichit du bien des autres par son injustice. Il quittera ses richesses au milieu de ses jours ; et sa fin sera la conviction de sa folie. »

LV. Il ne sera pas sans intérêt pour notre démonstration, de faire voir que ce n’est pas au hasard et sans raison que le prophète a employé cette métaphore de la perdrix, dont le caractère offre, par comparaison, l’image de celui de l’Antechrist : en effet, la perdrix est un oiseau orgueilleux, et qui, si elle vient à apercevoir dans le nid d’une autre perdrix des petits perdreaux, elle les attire en imitant le cri de leurs père et mère, qui sont allés chercher leur nourriture. Les petits perdreaux trompés par ces cris, viennent vers elle. Alors l’oiseau trompeur s’entoure de ces petits perdreaux qui ne lui appartiennent pas, et s’en glorifie comme s’ils étaient siens. Mais les père et mère des perdreaux étant revenus au nid, appellent leurs petits, qui reconnaissant leur voix, abandonnent l’oiseau qui les avait trompés pour se replacer sous leurs ailes. On voit donc que cette figure employée par le prophète s’applique parfaitement à la conduite de l’Antechrist : car il

  1. Jérém. xvii, 11.