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doit appeler à lui tout le genre humain, qu’il trompera en lui promettant la liberté et le bonheur, tandis qu’il ne saura pas se procurer à lui-même ces avantages.

LVI. Or, ayant rassemblé autour de lui tous les incrédules qui se trouveront répandus sur la surface de la terre, ils l’engageront et le presseront d’opprimer et de persécuter les saints leurs communs ennemis ; car, comme dit l’évangéliste[1] : « Il y avait, dans une certaine ville, un juge qui ne craignait point Dieu, et ne se souciait point de l’opinion des hommes. Et il y avait aussi dans la même ville une veuve qui venait souvent le trouver, en lui disant : Faites-moi justice de mon adversaire. Et il fut longtemps sans vouloir le faire. Mais enfin, il dit en lui-même : Quoique je ne craigne point Dieu, et que je n’aie point de considération pour les hommes, néanmoins parce que cette veuve m’importune, je lui ferai justice. »

LVII. Il est hors de doute que par ce juge d’iniquité, qui ne craint pas Dieu et qui méprise l’homme, il a voulu désigner l’Antechrist, qui est le fils du Diable et le vase de Satan. Dans sa puissance on le verra défier Dieu, ainsi que le Fils de Dieu, le vrai Juge de tous les hommes. En disant ensuite qu’il y aura une veuve dans la cité, il désigne Jérusalem, qui est veuve en effet, délaissée qu’elle est par son Époux céleste et parfait. Elle appelle donc un vengeur et un sauveur, ne comprenant pas les paroles de Jérémie, lorsqu’il a dit[2] : « Parce qu’ils n’ont pas voulu croire à la vérité, ce peuple ainsi que Jérusalem seront livrés à l’esprit d’erreur. » Et Isaïe, qui a dit dans le même sens[3] : « Parce que ce peuple a rejeté les eaux de Siloé, qui coulent paisiblement et en silence, et qu’il a mieux aimé s’appuyer sur Rosin et sur le fils de Romélie, le Seigneur fera fondre sur lui le roi des Assyriens avec toute sa gloire, comme de grandes et de violentes

  1. Luc, xviii, 2.
  2. Jérém. iv, 11.
  3. Is. viii, 6.