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lui suffit de vouloir et de dire que tout fût fait, et aussitôt tout fut fait selon sa volonté. Il doit donc nous suffire de savoir que rien n’existe de coéternel à Dieu. Il n’y avait rien d’éternel que lui ; seul, il était tout. Mais, dans sa solitude divine, il n’était pas sans raison, sans sagesse, sans puissance, sans dessein. Toutes choses étaient en lui, il était en toutes choses. Quand il le voulut, et de la manière qu’il le voulut, il manifesta son Verbe dans les temps annoncés par lui, son Verbe par lequel il a tout créé. Sa volonté crée tout ; sa pensée achève tout ; sa parole manifeste tout ; son enseignement perfectionne tout. Tout ce qui a été créé, l’a été par sa raison suprême, et embelli par sa sagesse divine. Il a donc fait toutes choses selon sa volonté ; car il était Dieu. Or il engendrait le Verbe pour être le chef, le conseil et l’ordonnateur de tout ce qui a été créé. Ce Verbe, qu’il portait en lui-même, était incompréhensible pour le monde ; créé, il le rendit compréhensible. Ensuite, tirant le son du son, et faisant sortir la lumière de la lumière même, il départit à la créature son sens divin, comme un flambeau qui devait l’éclairer : il rendit ainsi visible pour la création ce qui n’était auparavant visible que pour lui-même, afin que le monde, lorsqu’il verrait celui qui devait apparaître, pût être sauvé par lui.

XI. C’est donc ainsi qu’il s’adjoignit un autre à lui. Quand je dis un autre, je ne veux pas dire pour cela deux dieux ; mais, de même que la lumière sort de la lumière, l’eau de la source, ou le rayon du soleil, ainsi le Verbe, comme une partie de son tout, qui est le Père, s’est détaché de son tout. Or, c’est cet Esprit, ou ce sens divin, qui s’est manifesté au monde, et qui n’était que le Fils de Dieu. Tout a donc été fait par lui ; lui seul a été engendré du Père[1]. Je le demande, y a-t-il quelqu’un qui de bonne foi défende le panthéisme, c’est-à-dire le culte

  1. Jean. i, 3.