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de cette foule de dieux imaginés dans les différents âges ? Ceux qui professent ce culte, n’en sont-ils pas tous réduits, malgré eux, à en revenir toujours à un seul Dieu ? C’est ce que confessent Valentin, Marcion, Cerimthus, malgré la frivolité de leurs discussions. Bon gré mal gré, ils sont forcés de confesser qu’il faut toujours en revenir à une cause première. Ils confessent donc la vérité malgré qu’ils en aient, c’est-à-dire qu’ils avouent qu’il n’y a qu’un Dieu, qui a créé tout suivant sa volonté. C’est lui qui a donné la loi et les prophètes ; qui a rendu ceux-ci les organes de l’Esprit saint, afin qu’inspirés de la vertu d’en haut, ils devinssent comme les hérauts des desseins et de la volonté du Père.

XII. C’était le Verbe qui inspirait les prophètes, et qui parlait de lui-même par leur bouche. Car il était lui-même son propre héraut ; il annonçait dès-lors sa venue et sa future apparition sur la terre. C’est pour cela qu’il annonçait hautement : « Je me suis manifesté à ceux qui ne me cherchaient pas ; et ceux qui ne me cherchaient pas m’ont trouvé[1]. » Or, quel est celui qui s’est manifesté, si ce n’est le Verbe du Père ? Le Père, par l’accomplissement de sa mission, a montré sa puissance aux hommes. C’est ainsi que le Verbe a été manifesté, comme le dit saint Jean, qui reproduit sommairement ce qui a été dit par les prophètes, et démontre l’identité du Verbe, par qui toutes choses ont été créées ; car il dit[2] : « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était avec Dieu, et le Verbe était Dieu. Il était au commencement avec Dieu. Toutes choses ont été faites par lui, et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans lui. » Et plus loin, il ajoute[3] : « Il était dans le monde, et le monde a été fait par lui, et le monde ne l’a point connu. Il est venu dans sa propre maison, et les siens ne l’ont point reçu. »

Or, si c’est lui qui a créé le monde, et, pour me ser-

  1. Isaïe, lxv, 1.
  2. Jean. i, 1.
  3. Id. i, 10.