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instant, une voix se fit entendre du ciel, qui disait : Ceci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le. »

VI. Vous voyez, mon cher frère, de combien d’immenses avantages nous eussions été privés, si le Seigneur, cédant aux instances de Jean, n’eût pas reçu de lui le baptême. Avant cet événement, les cieux étaient fermés. Nous avions été rejetés vers les enfers, et nous ne devions plus remonter dans les cieux. Mais le Christ reçoit le baptême, il renouvelle l’humanité, et il remet en ses propres mains le sceptre de l’adoption ; aussitôt les cieux sont ouverts[1] ; l’accord entre les choses visibles et les choses invisibles se rétablit, la sainte milice du ciel est remplie de joie ; les misères de la terre sont guéries ; ce qui était caché se découvre ; ce qui était ennemi de l’homme se réconcilie avec l’homme ; et c’est par ces trois admirables bienfaits que les cieux ont été ouverts, suivant la parole de l’évangéliste ; car le Christ, par son baptême, devient l’époux sacré, et il fallait qu’aussitôt les avenues du lit nuptial s’ouvrissent. D’ailleurs, l’Esprit saint étant descendu sous la forme d’une colombe, et parcourant tout l’univers à la voix du Père, il fallait que le sceau qui fermait les cieux fût levé[2]. Les cieux lui ont donc été ouverts, et une voix s’est fait entendre, qui disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, dans lequel j’ai placé toute mon affection. »

VII. L’amour produit l’amour : de même, la lumière immatérielle produit la lumière ineffable et inaccessible. Celui-là est mon Fils bien-aimé, qui a parti sur la terre, sans cependant se séparer du sein de son Père ; il est donc venu sur la terre, et il n’y est pas venu : car, durant son séjour sur la terre, il n’y eut qu’une partie de lui-même qui était visible ; en effet, d’après les apparences matérielles, Jean, qui baptisait, aurait paru supérieur au Christ qui était baptisé ; c’est pour cela que le Père fit descendre l’Esprit saint sur le Christ qui venait de recevoir le bap-

  1. Mat. iii, 15.
  2. Ps. xxiv, 7.