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NOTICE SUR LA VIE

collection, aujourd’hui publiée, est comme le résultat d’un conseil œcuménique dont nul ne saurait attaquer les décrets, d’autant plus assuré, vénérable et obligatoire, que son siècle, ses vertus et ses lumières le mettent au-dessus de toutes les passions modernes. Qui donc, en effet, pourrait appeler, comme d’erreur ou d’abus, contre les raisons des Pères de l’Église ? À qui donc pourrait-on en appeler contre la science, l’éloquence, le martyre et les décrets des Basile, des Cyprien, des Irénée, des Polycarpe, des Tertullien et des Grégoire ? Si l’un de nos orateurs évangéliques, de nos évêques, de nos papes ou de nos conciles venait démentir ou contredire ce que leurs décrets, successivement compris par des hommes d’une semblable autorité, ont décidé sur le dogme et sur la foi, nous ne devrions pas hésiter à rejeter ces nouveaux et dangereux pasteurs. Mais, heureusement, ceux-ci n’enseignent encore aujourd’hui que ce que les Apôtres et les disciples de Jésus-Christ ont renfermé dans leur divine doctrine ; et, je le répète, on ne sait qu’admirer le plus, ou la merveilleuse pénétration de ces hommes primitifs qui semblent avoir deviné, dès l’origine, toutes les questions que la suite des temps soulèverait, ou cette constante conservation de la pureté de leurs doctrines qui se reproduit dans tous les actes et dans tous les catéchismes de l’Église catholique, ou bien encore cet aveuglement des communions séparées qui les empêche de remarquer l’autorité et la fidélité des traditions chrétiennes.

Or, parmi ces Pères de l’Église, parmi ces martyrs de la foi, ces docteurs de l’Évangile, ces flambeaux étincelant d’une éternelle et universelle lumière, brille encore d’un éclat particulier Origène, que vit naître le second siècle du christianisme, qui éclaira le siècle suivant par la force de sa conviction et de sa science.

Fils d’un père chrétien, et né à Alexandrie, vers l’année 185, Origène, dès sa jeunesse, ne se distingua pas moins par sa foi que par son érudition. Son père Léonide l’avait instruit avec un soin extrême. Chacune de ses leçons était précédée de l’étude et de la récitation de quelques passages de l’Écriture sainte. L’application et la sagacité d’Origène étaient, telles qu’il s’efforçait toujours de pénétrer le sens caché sous le sens littéral, malgré les défenses de son père fatigué de la vivacité de ses questions, mais justement orgueilleux et charmé des