Page:Gentil, La chute de l’empire de Rabah, Hachette, 1902.djvu/176

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retranché, disposant de deux mille sept cents fusils et de dix mille auxiliaires ! En dehors de Togbao, qui fut plutôt un massacre, il y a eu deux combats seulement où Rabah a donné en personne, celui de Kouno et celui de Koussouri. C’est le combat de Kouno qui fut le plus dur et le plus acharné…


deux des canons de la mission (la pièce de gauche sur son affût faussé pendant le combat de kouno)

La nuit était venue, les flammes de l’incendie qui dévoraient Kouno éclairaient tout l’horizon. Un grand silence régnait, interrompu seulement de temps en temps par les chants funèbres de nos adversaires qui enterraient leurs morts, et par les plaintes de quelque blessé bousculé par un camarade.

Puis tout se tut. Nous avions bien essayé de manger un peu pour nous réconforter ; mais la fatigue fut plus forte que la faim ; un sommeil de brute s’empara de nous tous, et nous nous endormîmes jusqu’au lendemain matin. De bonne heure, on tint conseil. Nos deux canons étaient hors de service ; les munitions faisaient défaut (il restait à peine soixante cartouches à chaque homme), et nous n’avions plus que quatre jours de vivres. Enfin nos blessés, entassés dans le vapeur et dans le chaland, réclamaient des soins pressants. Je décidai donc de revenir en arrière jusqu’à Fort-Archambault. On transporta sur la rive droite les deux cents hommes qui étaient encore valides. Bientôt ils se mirent en route pour regagner le poste, pendant que de mon côté je remontais lentement le fleuve avec le vapeur.

L’ennemi, en nous voyant partir, ne tenta même pas de sortir.