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Page:Gentil, La chute de l’empire de Rabah, Hachette, 1902.djvu/24

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son énergie, ne devait pas tarder à devenir un Africain. Du reste je n’avais pas le choix, car je l’avoue sans fausse honte, nous étions tenus en très piètre estime. Nous étions, au dire du Tout-Brazzaville, destinés à être rappelés, ou bien, si par malheur nous partions, voués à un irrémédiable échec. Aussi, j’aurais pu chercher un collaborateur parmi les agents en service dans la deuxième capitale du Congo, je ne l’aurais pas trouvé. Je ne le cherchai pas d’ailleurs, je gardai M. Prins et j’eus tout lieu de m’en féliciter.

Mon séjour à Brazzaville fut tout entier consacré à la reconfection de nos colis qui avaient été bien avariés et dont beaucoup nous manquaient, principalement ceux de vivres ; mais fort heureusement le vapeur était au complet.

C’était le point important.

Nous étions donc à Brazzaville. Mais il fallait en partir et ce n’était pas commode. Nous avions en effet pour atteindre Bangui à parcourir, sur le fleuve Congo et son affluent l’Oubangui, environ 1200 kilomètres, et, comme la flottille du Congo français se composait juste de quatre petits vapeurs, l’Oubangui, le Djoué, l’Alima, le Faidherbe, destinés à ravitailler nos postes extrêmes de la Sanga et du Haut Oubangui, dirigés par mon ami Liotard, il était probable que notre séjour serait de quelque durée. Heureusement pour nous, se trouvait à Brazzaville un administrateur de haut mérite doublé d’un excellent homme, M. Chauvot.

Il n’hésita pas un instant à mettre à ma disposition trois de ses vapeurs. Comme on le voit, il ne pouvait faire davantage. Ma reconnaissance pour lui durera toujours, car ce fut cette généreuse initiative de sa part qui fut cause que nous réussîmes dans notre entreprise.

N’ayant pas reçu de réponse à ma demande d’instructions, je pris le parti de me mettre en route, en laissant Huntzbüchler et Prins, avec la mission de rassembler le plus possible de nos colis et de me rejoindre par la suite. J’emmenai avec moi le vapeur, me disant qu’après tout si l’on me désapprouvait en