Page:Geoffroy - Napoléon et la conquête du monde, 1836.djvu/28

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vous étiez Français, et vous avez tiré votre épée contre la France !… »

Bernadotte voulut répondre, et dit que la Suède étant devenue sa patrie, il avait dû tout oublier pour se dévouer tout entier à elle.

« Silence ! » lui dit sévèrement l’empereur, et il ajouta :

« Eh bien ! cette nouvelle patrie n’est plus la vôtre ; vous êtes redevenu maréchal de France, monsieur, ce sera à vous à ne plus l’oublier. La division du duc de Valmy n’a plus de chef, vous le remplacerez… Vous n’êtes plus prince de Suède… ; songez que je vous donne des ordres et que je ne traite point avec vous… Allez. »

Le maréchal Bernadotte sortit avec le prince Eugène. Le roi de Naples les suivit quelques instants après.

Restés seuls, les deux empereurs se parlèrent avec une froideur et une contrainte qui ressemblaient bien peu à cette brillante et amicale entrevue de Tilsitt.

Napoléon parlait en vainqueur ; le czar, prisonnier et vaincu, disputait à peine des concessions qui lui étaient imposées comme des ordres. Bientôt les ministres d’état entrèrent, et rédigèrent les bases du traité que l’empereur voulut