Page:Geoffroy - Napoléon et la conquête du monde, 1836.djvu/99

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À un signal convenu, le canon se fit entendre, les cloches de toutes les églises s’ébranlèrent ; le pape, accompagné du sacré collége, donna sa bénédiction au peuple et au Tibre. L’empereur, du haut d’un trône fort élevé, donna l’ordre : les dernières barrières furent brisées, et le fleuve se précipita terrible et en mugissant dans ces canaux inconnus, et laissa son ancien lit à sec et livré nu aux regards de son peuple.

Vingt mille ouvriers et soldats furent employés à fouiller le lit abandonné du Tibre ; un ordre admirable régna dans ces travaux, et les moindres découvertes étaient enregistrées et placées dans les divers dépôts établis par l’administration.

Qui dira ce qu’il renfermait dans ses entrailles, ce vieux fleuve de Rome ! Il y avait plus de deux mille ans que, jaloux, il engloutissait toutes les richesses de la république, de la ville des empereurs et des papes. Chaque invasion des barbares y avait accumulé des trésors. Il était comme pavé des plus magnifiques sculptures ; tout reparut, et les marbres, et l’or, et l’airain, et les statues, et les boucliers, et les armes ; une autre Rome, l’ancienne, qui dormait dans la noble fange du Tibre, ressuscita pour enrichir la Rome française.