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Page:George Eliot Adam Bede Tome 1 1861.djvu/257

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adam bede.

grandes pierres qui sont les vraies bornes dans le Loamshire, et attendirent les traînards ; Totty se complaisant à dire : « Sots les gaçons, sots — moi saze. »

Le fait est que cette promenade du dimanche à travers champs abondait en sujets de distraction pour Marty et Tommy, qui voyaient un spectacle continuel au milieu des haies, et ne pouvaient pas plus s’empêcher d’y regarder de près qu’une paire d’épagneuls ou de terriers. Marty était sûr d’avoir vu un bruant jaune sur les branches du grand frêne, et, pendant qu’il l’épiait, il manqua la vue d’un furet à poitrail blanc, qui avait traversé le sentier et que lui décrivait avec ardeur son frère cadet Tommy. Puis il y avait un petit verdier, tout nouvellement sorti du nid, qui voletait par terre et qu’il semblait qu’on pût prendre, jusqu’à ce qu’il réussît à se glisser sous le buisson de mûres. Il était impossible d’amener Hetty à y prendre intérêt ; aussi on en appela à la sympathie toujours prête de Molly, qui regardait la bouche ouverte là où on lui disait de regarder et disait : « Seigneur ! » toutes les fois qu’il fallait s’étonner.

Molly se dépêcha tout alarmée lorsque Hetty revint leur dire que sa tante était fâchée ; mais Marty courut le premier en criant : « Nous avons trouvé le nid de la dinde tachetée, mère ! » avec la confiance instinctive que les gens qui apportent de bonnes nouvelles ne sont jamais en faute.

— Ah ! dit madame Poyser, oubliant effectivement toute réprimande à cette agréable nouvelle, voilà un bon garçon ; mais où est le nid ?

— Par terre, dans un trou grand comme ça, sous la haie. Je l’ai vue le premier en cherchant le verdier ; elle était posée sur le nid.

— Tu ne l’as pas effrayée, j’espère, dit la mère, autrement elle l’abandonnerait.

— Non, je me suis retiré aussi doucement que j’ai pu, et je l’ai dit à voix basse à Molly ; n’est-ce pas, Molly ?