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Page:George Eliot Adam Bede Tome 2 1861.djvu/19

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adam bede.

pouvons avoir ; ils sont tous associés, ces vagabonds, que c’est une bénédiction qu’ils ne soient pas encore venus empoisonner les chiens et nous assassiner dans nos lits avant que nous nous en doutions, quelque vendredi soir, quand nous avons dans la maison l’argent pour payer les hommes. Et il est assez probable que ces truands savent où nous allons aussi bien que nous ; car si le vieil Harry (Satan) veut faire son œuvre, on est sûr qu’il en trouvera le moyen.

— Impossible de nous assassiner dans nos lits, dit M. Poyser ; n’ai-je pas un fusil dans notre chambre ? et tes oreilles sont assez fines pour découvrir qu’une souris ronge le lard. Cependant, si tu crains de t’inquiéter, Alick peut rester à la maison pour la première partie de la journée, et Tim revenir vers les cinq heures pour qu’il puisse avoir son tour. Ils peuvent lâcher Growler si quelqu’un avait envie de mal faire, et il y a aussi le chien d’Alick qui est assez prêt à mettre la dent contre un rôdeur au moindre signe de son maître. »

Madame Poyser accepta le compromis, mais jugea convenable de mettre toutes les barres et verrous possibles ; et, au moment du départ, Nancy, la fille de laiterie, ferma les contrevents de la grande cuisine, quoique cette fenêtre placée sous l’observation immédiate d’Alick et des chiens, fût la dernière à choisir pour une tentative d’effraction.

Le char couvert, sans ressorts, attendait pour emmener la famille entière, excepté les domestiques hommes : M. Poyser et le grand-père s’assirent sur le siège de devant, et dans l’intérieur il y avait place pour toutes les femmes et les enfants ; plus le char était plein, mieux c’était, parce qu’alors les cahots ne fatiguaient pas autant ; puis l’épaisse taille de Nancy et ses gros bras étaient un excellent coussin pour s’appuyer. Mais M. Poyser ne conduisait qu’au pas de promenade dans cette chaude journée, et afin qu’il y eût