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Page:George Eliot Adam Bede Tome 2 1861.djvu/33

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adam bede.

blait bien plus à un innocent chagrin qu’à de la mauvaise humeur, et le sévère Adam ne ressentit aucun mouvement désapprobateur ; il éprouvait plutôt une espèce de pitié amusante, comme s’il avait vu un petit chat faire le gros dos, ou un petit oiseau hérisser ses plumes. Il ne pouvait deviner ce qui la chagrinait ; mais il lui était impossible de ne pas voir qu’elle était la plus jolie créature du monde, et que, s’il pouvait être le maître, plus rien ne la chagrinerait à l’avenir. Quand Totty ne fut plus là, Hetty rencontra son regard, et son visage s’épanouit dans le plus brillant sourire, en lui faisant un signe d’amitié. C’était un échantillon de coquetterie ; elle savait que Mary Burge la regardait. Mais ce sourire fut comme du vin pour enivrer la tête d’Adam.


CHAPITRE XXIV

les santés portées

Quand le dîner fut terminé et que l’on eut apporté les premiers vases tirés au grand tonneau de bière du jour de naissance, on fit placer le gros M. Poyser à l’un des côtés de la table, et l’on mit deux chaises vers le haut bout. Il avait été enfin décidé que c’était M. Poyser qui prendrait la parole lorsque arriverait le jeune chevalier, et depuis cinq minutes il était très-absorbé, les yeux fixés sur le tableau foncé qui lui faisait face, et les mains très-occupées à manier les pièces d’argent et autres objets qui se trouvaient dans ses poches.

Quand le jeune chevalier entra, avec M. Irwine à ses côtés, chacun se leva, et ce moment d’hommage fut très-agréable à Arthur. Il aimait à sentir sa propre importance ;